Nicolas & Annick à Sargasses Land

C’est par cette boutade qui montre bien par sa dérision une certaine désespérance que Mme Le Maire Miraculeux-Bourgeois a accueilli la délégation des deux Ministres comme elle l’a souhaité au sein de sa Commune, dans l’air toxique et pour toile de fond des plages dévastées.

 

Capesterre, Capesterre – Tout le monde descend…

Hasard du timing, connivence des cieux, Nicolas Hulot et Annick Girardin, ministres de l’Ecologie et de l’Outre-mer, ont modifié le programme en dernière minute et répondant à une attente ferme des Capestériens se sont directement rendus à Capesterre de Marie-Galante, arrivée vers 11h. Comme il en avait été convenu, le maire et les élus de la commune, le collectif anti-sargasses et bon nombre de citoyens (une bonne centaine) attendaient, en blanc ou avec les tee shirts collectifs et en silence, la délégation. Seul le balai des camions et des pelles miraculeusement apparus aujourd’hui se faisait entendre.

Mais, quelques heures de nettoyage n’y ont rien changé : le paysage désolé, la ville désertée et les gaz assez forts (l’alarme a sonné à plusieurs reprises, taux sup. à 5 PPM, ce qui veut dire danger) ont parlé bien davantage.
Un accueil symbolique à l’initiative d’un des habitants : une remise en mains propres par sa propre fille de pièces d’un commerce du bourg, complètement noircies par les sargasses (en trois jours).

Un discours qui a touché le coeur de tous les capestériens

Bienvenue à Capesterre de Marie-Galante, bienvenue à Sargasse land «, l’introduction du discours a donné le ton, Mme Le Maire a su mettre en évidence, avec des mots simples et précis, avec sincérité et émotion, la détresse de toute une commune luttant seule jour après jour depuis plus de trois mois contre les échouements massifs de sargasses, jour après jour, encore et toujours.
La commune de Capesterre traverse cette crise avec beaucoup de souffrance et de courage, en voyant le bourg se vider de ses habitants, les commerces se fermer, les capesterriens de plus en plus inquiets des risques auxquels leur santé est exposée avec des symptômes qui deviennent récurrents.
Au delà c’est toute une vie locale et économique qui s’est arrêtée, une commune désertée par les touristes, des socio-professionnels fortement impactés. Et que dire de la situation des marins-pêcheurs ?

« Nous ne quémandons pas » Nous voulons être soutenu tout bonnement.

Mme le Maire a résumé le sentiment d’abandon que tout à chacun habitant à Capesterre, travaillant à Capesterre, éprouve. Elle a ensuite salué le courage pour les ministres de venir dans une Guadeloupe finalement et assez logiquement en colère, frustrée en rappelant que depuis 7 ans, c’est le premier Ministre de l’Ecologie à se déplacer.
« Nous ne pleurnichons pas, nous ne quémandons pas, nous ne mendions pas une aide de l’Etat, mais nous voulons tout simplement être considérés comme tout Français et accompagné comme tout citoyen de la France hexagonale l’aurait été face à une telle catastrophe », a-t-elle poursuivi.
Elle a repris une expression déjà soumise aux médias, en parlant de ‘travaux forcés’ et à l’appel formel d’une solution pérenne.

Haut et fermement elle a appelé l’Etat à prendre sa part de responsabilité. En effet depuis 2011, la commune a pris, toute seule, toutes ses responsabilités, dépensant, rien que cette année, plus de 500 000 € en ramassage et en réhabilitation du site d’épandage. La catastrophe ne peut être gérée par la seule commune, ce n’est pas humainement, financièrement et techniquement possible.

Elle a rappelé que sa demande que soit reconnue une situation sanitaire exceptionnelle a été considérée par l’Etat comme irrecevable au motif que les conditions qualifiant une telle situation n’étaient pas réunies, en particulier son caractère imprévisible. Et pourtant qui aurait pu prévoir de tels échouements ?

Une remise en cause du fonctionnement communautaire

Mme le Maire l’a dit et l’a redit, elle se bat seule contre les sargasses, sans aide des autres communes, avec un dysfonctionnement évident du comité sargasses, qui n’a pu apporter ni soutien ni réponse à cette crise. Les mots restaient courtois, mesurés mais le message est bien passé et fortement et longuement applaudi ‘je gère plutôt bien ma commune depuis des années, qu’on me laisse les moyens de gérer moi-même cette crise’, ainsi si les moyens et les responsabilités avaient été donnés à la Commune, le port ne serait pas dans cet état .

Le Doc simple, direct, efficace

Parole a été donnée ensuite au Dr Catoni présenté comme le représentant des Collectifs et notamment du Collectif anti-sargasses de Marie-Galante. Le Dr Catonni Stéphane a rappelé ses nombreuses alertes depuis 2014, le problème sanitaire. Il a solennellement remis à Nicolas Hulot les presque 28 000 signatures de la pétition (web et papiers) ainsi qu’un dossier Sargasses, reprenant les demandes du Collectif, les spécificités de Capesterre, sa double insularité, les taux, les propositions.

Une réponse ‘Fourre-Tout’ des ministres

Nicolas Hulot a ensuite pris la parole, pour rappeler que les ‘solutions’ et ‘réponses’ qu’il amène dans sa sacoche seront divulguées ce soir. Pas de miracle, pas de promesse non tenue. Une aide conjointe, un appui sur le terrain… Un copier / coller de réponses déjà entendues. Mais à souligner quand même une capacité d’écoute et d’empathie, un vrai engagement politique, une proximité presque amicale avec la population. Mme Girardin un peu vexée par certains points du discours de Mme Le Maire (sur un traitement différent de la crise si cela était arrivé en France hexagonale notamment) a confirmé l’engament formel, véritable pour des solutions immédiates et pérennes. Par contre, pour la catastrophe naturelle, c’est pas gagné…

 

En guise de conclusion provisoire, le nombre de manifestants, le calme, la dignité de l’accueil, les échanges fermes mais sans agressivité ont redonné un peu d’espoir dans un prochain début de solutions. J’aimerai reprendre une boutade ‘après la visite de M. Hulot, les sargasses ont meilleure odeur’…