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31 mai 2018, raz de sargasses

A l’appel de l’association ‘collectif sargasses’ et de l’association des sociaux-professionnels’, puis dans un grand mouvement citoyen les marie-galantais se sont retrouvés au Port de Grand-Bourg pour attendre le nouveau Préfet M. Philippe Gustin. On n’a pas vu beaucoup de Capestériens bourg dans cette manifestation et c’est à regretter. La maire d Capesterre a par ailleurs souligné sur Canal 10 l’importance pour ses administrés de se faire entendre, car la commune se meurt…les échos du précédent mouvement en 2015 semblent bien faibles.

Mouvement d’autant plus important qu’il avait été attendu par certains depuis de longues semaines. Après un défilé escargot dans l’île, tous se sont regroupés à Grand-Bourg, au port. Plusieurs membres du collectif ne sont succédés au micro avec un appel particulièrement fort aux marie-galantais de ne pas laisser la parole qu’aux blancs car c’est l’avenir même d l’île qui est en cause, et que l’inaction c’est la mort de l’île, c’est brader l’île … des mots forts un ton très violent parfois qui a eu le mérite au moins d’être écouté faute d’être entendu. Ensuite, le collectif s est préparé à accueillir le Préfet avec un image médiatique puisqu’il a été décidé s’allonger auprès des sargasses comme autant de corps victimes des gaz. L’objectif étant de montrer une certaine détermination sans agressivité.

Après un bref salut le préfet s’est rendu sans attendre à la communauté de commune suivi sous les slogans Kapèstè touché, Mariegalant coulé et Komba pou santé annou. Malgré la pression aucun membre n’a été admis à cette première réunion essentiellement dédiée au CHU et projets communautaires. 3 membres du collectif ont finalement été admis à assister à la réunion à Capesterre.

Capesterre ce matin là avait miraculeusement recouvré tout un panel d’engins (après 5 jours sans aucun ramassage). Engins au travail, encore une belle image médiatique mais qui n’a trompé personne – l’après-midi même c’était fini. Visite rapide auprès du RSMA avec quelques mots d’encouragement pour cette expérience qu’ils pourront valoriser – le RSMA travaillait comme à son habitude sur la plage de la feuillère mais les pelles et brouettes étaient pour ce dernier jour complétées par des engins de ramassage.

Un point au niveau du port, là pas de miracle, il reste cette nappe puante qui nous tue chaque jour, la brèche ne créant pas suffisamment de courant. Les travaux au niveau du port ont encore été évoqués par Mme le Maire, recevant un demi – accord largement modulé par un appel à prudence et à réflexion. Une garantie que les pêcheurs seront consultés et écoutés. Des bruits de couloirs assez insistants évoquerait la suppression du barrage…

Enfin la rapide visite bord de sargasses s’est conclue à la mairie de Capesterre pour une réunion tendue à laquelle assistaient la mairie de Capesterre (Mme le Maire Miraculeux Bourgeois et quelques élus), Mme Etzol Maryse, Présidente de la Communauté des communes, et 3 membres de l’association collectif, dont le Docteur Cattoni.

Mme Miraculeux Bourgeois après avoir remercié M. Le Préfet de cette visite a eu des mots forts, des expressions qui trahissaient bien le ressenti de la population de Capesterre, sa lassitude, son questionnement aussi face au danger des gaz toxiques, face à la lourdeur du ramassage supporté jusqu’à ce jour par la seule commune, face au manque de soutien et le non respect des engagements déjà passés, face au recul économique d’une commune désertée de ses habitants, de ses visiteurs, de ses commerces. Elle a rappelé que jusqu’à ce jour la Commune a assumé les frais de ramassage avec des entreprises privées, soit 260 000 euros pour deux mois et demi. Elle a bien précisé que la commune ne pouvait plus faire face sinon à risquer la faillite.

Le collectif a pu ensuite largement s’exprimer le docteur Cattoni a longtemps réexpliqué les enjeux non seulement à court terme, mais surtout à moyen terme, il a évoqué la mise en place d’un filet dont le projet a été déjà déposé, aux taux de gaz qui ont pu être notés, à cette longue suite de non solutions depuis 2014, notamment au niveau du ramassage, un éternel recommencement, l’impression qu’il reste inutile puis chaque jour amène son taux de sargasses supplémentaire.Un point de vocabulaire a même été souligné nous ne devrions pas parler d’échouages (qui a une connotation d’acte volontaire) mais bien parler d’échouements. Il n’a pas oublié le volet économique rappelant que malgré les promesses dans les faits des entreprises subissent des ATD (saisies) ou des lettres d’huissier. Sentiment d’impuissance rendu encore plus amer par cette impression tenace d’être les oubliés de l’Etat. Jérome Hadège, Restaurateur, a évoqué les problèmes économiques cruels que traversent certaines entreprises (qui précise-t-il seront mortes d’ici deux mois sans aide), des pertes matérielles , non remboursées par les assurances, l’absence de tourisme et ce depuis de nombreuses années laissent les entreprises et la sienne en particulier en simple ‘survie’. Un rappel aussi aux préconisations du rapport ministériel de 2016 de 400 pages et notamment les fonds de 16 millions recommandés en cas d’échouements, la prise de parole de José Viator propriétaire du Touloulou reprenait les mêmes problématiques rappelant en outre que la plage de petite anse n’a pu bénéficier que d’une journée de ramassage.

Confronté à cette fermeté polie, la réponse de M. Le Préfet fut de préciser que « face à cette saloperie’ (je cite), il ne pourrait pas faire de miracle, mais il s’engageait à amplifier les moyens alloués au delà de ce qui revient à l’Etat (il a beaucoup insisté sur le le rôle et les compétences de chacun).Il a confirmé être prêt à s’engager au delà même de sa compétence,. Ses actions sont à court terme déblayer les sargasses en urgence, il a promis d’engager des réquisitions d’engins (déjà écrites).

A noter que Mme Le Maire Maryse Etzol est alors intervenu pour préciser qu’au delà de 10 h2S le personnel ne pourra pas travailler. Mme Miraculeux Bourgeois a encore précisé que les conducteurs d’engins qui ont travaillé à Capesterre ces dernières semaines étaient tous malades.

A moyen terme, il faut envisager de mettre sur place une structure spécifique en amont pour répondre à l’invasion sargasses. et compléter cette action avec travail de fond sur la recherche.

Le préfet a également rappelé que son expérience à St Martin avec des résultats indiscutables le rendait particulièrement efficace pour les problèmes économiques. On aurait pu déceler une légère ironie face aux entreprises Marie-galante évoquées, certainement moins ‘imposantes’ que celles à St Martin. Il a promis une réponse pour la fin de semaine et a rappelé le rendez vous avec les mêmes acteurs avec le sous préfet à la Sous Préfecture le 04 juin.

De cette réunion, il reste un gout amer d’inachevé. Beaucoup de paroles mais la santé était finalement assez éloignée des préoccupations autour de la table; l’évacuation de la population est quelque part un sujet pour le moins douloureux, il convient de s’en aller par ses propres moyens si possible,(la mairie de Capesterre a par ailleurs rappelé dans un autre entretien cette même journée que les habitants malgré les symptôme tiennent à leur commune et souhaitent y demeurer, mais de toute façon où aller? ) aucune structure d’accueil n’est disponible. On n’a pas vraiment insisté à mon sens sur l’insuffisance des mesures de gaz toxiques, notamment au niveau du Collège et de l’Ecole Primaire -lorsqu’on sait que les taux de Capesterre sont plus élevés que ceux de Petit Bourg…, Pas une seule fois le terme ‘Principe de précaution’ n’a été évoqué.

Deuxième déception : la gestion des assurances, puisque à en croire M. Le Préfet dans tous les cas de figures nous serions les grands perdants, soit on accepte de ne pas être indemnisé soit on entame un bras de fer avec son assurance, bras de fer utopique bien sûr car au mieux on ne serait remboursé de rien ou pire les assurances pourraient décider de ne plus nous assurer, et augmenterait d’autant leur tarif. Mais que personne ne bouge, les négociations restent ouvertes, grande ouverte d’ailleurs pour les entreprises qui n’auraient pas été indemnisées après Maria, le préfet a promis d’y regarder de plus près.

Voilà la visite marathon se termine peu ou prou sur ces mots prometteurs, actions sous 48h, écoute attentive le 4 juin, grosses négos avec nos assureurs, résultat sur la toxicité à moyen et long terme de l’H2S et quelques appels à projets dit ‘durables’ pour faire bruler les sargasses dans la nouvelle usine (M. Le Préfet l’a confirmé, des solutions existent). La communauté de commune les étudiera avec soin.